DEVIL INSIDE
Si je me décide à parler de Devil Inside ce soir, ça n’est pas parce que c’est un chef d’œuvre, ni parce qu’il révolutionnera le genre. Non.
Si j’en parle, c’est uniquement pour contrer la vague incroyable de critiques négatives formulées à son égard. La plupart du temps, j’en suis sur, par des gens qui ne l’ont même pas vu.
Surfez un peu sur Allociné ou Imdb pour comprendre de quoi je parle. Noté 3.2 sur 10 sur ce dernier, accablé, mis plus bas que terre, considéré comme une des pires bouses de ces 10 dernières années, c’est une véritable curée qui s’accomplit sous mes yeux, sans que je puisse comprendre.
Car maintenant, je l’ai vu.
Et j’ai aimé.
OK, ça sentait un peu mauvais. Tout ceux qui connaissent William Brent Bell et son épouvantable Stay Alive (depuis remplacé dans le cœur des fantasticophiles au top du rayon navet-pseudo-jeu-vidéo-filmé-pour-geeks par Gamebox 1.0, encore plus effroyable…), n’attendaient pas grand-chose de son nouveau long, surfant sur la vague déjà bien écrasée des fake documentaries. On en bouffe depuis plus de treize ans, on en a même vomi par les trous de nez. Et dire que peu ont réussi à passer la double épreuve qualité/temps est un euphémisme.
Mettons tout de suite les choses au clair. Le haut du panier, c’est bien sur The Blair Witch Project, insurpassable. Talonné de très près par [REC] et Lake Mungo, Espagne, Australie. Ensuite, pas grand-chose. Du pas mauvais (The Tunnel, The Last Exorcism) au pathétique (liste trop longue, mettons pour la forme Death Of A Ghost Hunter ou The Last Broadcast) en passant par l’escroquerie marketing pure et simple (la lamentable série Paranormal Activity. Ca par contre, tout le monde en dit du bien…), le genre à été pillé, revisité, augmenté, terrassé par des pellicules redondantes n’offrant strictement rien d’inédit.
Soyons franc. Devil Inside n’est ni Blair Witch, ni [REC], ni Lake Mungo. Il ne fait pas peur. Du tout. Il n’a ni l’inventivité diabolique du premier, ni le rythme épileptique du second, ni l’atmosphère putride et effrayante du dernier.
Mais il n’est en rien une merde. Loin de là.
Basé sur l’histoire d’une jeune fille partant sur les traces de sa mère à Rome, placée en établissement psychiatrique après avoir tué trois personnes lors de son exorcisme, Devil Inside joue la carte religieuse à fond, comme un émission de télé à caractère social. La belle Isabella et son cameraman Michael rencontrent les pères Ben Rawlings et David Keane à l’institut d’exorcisme officiel du Vatican, et les entraînent dans un sauvetage périlleux, qui se révèlera très dangereux pour chacun d’entre eux.
Nous les suivons dans une première cérémonie, avant que l’histoire ne suive son cours principal. Impossible d’en révéler plus sans en révéler trop.
Niveau mise en scène, Bell use bien sur du procédé de caméra manuelle multiple, pour augmenter le caractère faussement réel de son film. Nous avons donc droit à de nombreux angles de vues, qui ne nous font rien manquer.
Car contrairement à d’autres, Devil Inside montre. A l’instar de [REC] et Lake Mungo, il ne se contente pas du hors champ, et surtout, ne nous fait pas attendre une heure avant de nous offrir une simple porte qui s’ouvre au ralenti. Mélangeant allègrement les rythmes, alternant les scènes de dialogue avec les séquences chocs, il captive, intéresse, et jamais ne lasse. Les acteurs sont plutôt convaincants, les dialogues crédibles, et les SFX intéressants.
Il narre une histoire à laquelle on s’attache, et qui ne néglige pas les moments forts sans pour autant en faire son fond de commerce (à propos, dédicace à l’abruti qui a dit que la seule séquence surprenante était l’intervention du chien : d’une, elle n’a rien de surprenant, et deux, achète toi des lunettes et un sonotone. Puis retourne voir Paranormal Activity).
On a beaucoup glosé sur la fin de ce film, jugé catastrophique et symptomatique d’un manque de moyens évidents. Aux Etats-Unis, parait il, le film s’est même fait huer.
Là encore, je ne comprends pas. Cette fin est logique, inéluctable, et sa soudaineté est fabuleuse. Et d’ailleurs, tous les films montés comme de faux reportages offrent le même genre de conclusion.
Alors pourquoi râler ?
Alors, je ne sais pas…C’est vrai que The Last Exorcism offrait une fin plus développée, Excellente d’ailleurs. Mais c’est bien le seul exemple.
Beaucoup s’attendaient sans doute à un film digne de l’Exorciste, la référence soit disant ultime. Mais je ne peux juger. Je n’ai jamais porté aux nues l’Exorciste. J’y ai toujours vu une plaisante série B à gros moyens, symptomatique du fantastique US des années 70, dans la lignée d’Amityville.
Et je vois Devil Inside comme son pendant contemporain. Une oeuvre symptomatique des années 2000. Avec moins de moyens. Honnête, prenante, mais pas extraordinaire.
Je suis vraiment curieux d’avoir des avis extérieurs sur ce film, alors n’hésitez pas à partager votre expérience si vous l’avez vu.