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Sickboy Moviez
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4 octobre 2012

ENTER NOWHERE

enter-nowhere-dvd-artworkVous aimez Twilight Zone ? Je veux dire, ce genre de série où tout est possible, où tout arrive, sans que l’on ait à se demander si c’est cohérent, ou viable ?

Vous en avez marre des films formatés, fabriqués pour séduire le plus grand dénominateur commun, sans âme, sans émotion, sans surprise ?

Vous aimez les films qui vous prennent aux tripes ET qui vous font réfléchir, même simplement ?

Vous avez envie d’une bonne série B, pur produit indépendant américain, comme eux seuls savent les faire ?

Alors jetez vous sur Enter Nowhere.

 

Pas de tromperie sur la marchandise, tout est dans le titre. Apprêtez vous à vivre un voyage hors du commun, vers nulle part, sans repère, sans carte, sans boussole. Et parfois, ça fait du bien de la perdre.

Enter Nowhere est le genre de film qu’il est très difficile de chroniquer, sans dévoiler trop d’informations et de fait, sans gâcher votre plaisir. Je l’ai vu sans en avoir lu quoique ce soit, et je m’en suis trouvé fort heureux. Alors je vais y aller doucement.

 

Tout commence par un cambriolage dans une épicerie. Un jeune couple braque un honnête commerçant, prend la caisse, mais cela ne suffit visiblement pas à la demoiselle qui pointe son flingue sur le caissier. Elle veut plus. Elle veut le contenu du coffre. Le tenancier l’avertit, elle n’est pas forcément prête à assumer ce qu’elle va y découvrir. Blackout.

On se retrouve dans une forêt. Une jeune femme court, et finit par tomber sur une cabane, dans les bois (décidemment, ça marche bien ces temps ci les cabanes dans les bois…). Elle rentre à l’intérieur, trouve un sac à dos, des flocons d’avoine, en mange, et se jette sous le lit en entendant du bruit. Un homme entre. Elle s’échappe, il la rattrape. Elle s’appelle Samantha, lui Tom.

Jusque là, rien d’anormal. Elle lui explique qu’elle et son mari sont tombés en panne d’essence la veille, et qu’il n’est pas revenu. Il lui dit qu’il a eu un accident avec son véhicule, et qu’il a trouvé refuge ici, trois jours avant. Ils vont chercher des couvertures dans sa voiture, elle fume, il utilise ses allumettes pour allumer le poêle, elle est enceinte, ils dorment.

Le lendemain, Samantha découvre une femme sur le porche. C’est Jody, la braqueuse de la scène d’introduction.

Jody est grossière, irrespectueuse, et veut se barrer à tout prix. Et elle essaie. Mais revient.

Personne ne sait pourquoi il est là, mais ce que tous les trois découvrent assez vite, c’est qu’ils ne peuvent aller nulle part. Quelle que soit la direction qu’ils prennent, ils reviennent toujours vers la cabane.

Il va maintenant falloir qu’ils comprennent pourquoi ils sont là, et pourquoi tous les trois, eux qui n’ont à priori rien en commun. Peut être que quelque chose, ou quelqu’un, leur donnera la clé, à un moment donné…

 

Et je ne peux vous en dire plus. Résumé comme ça, ça pue. Ca sent la paranoïa parallèle à plein nez, un remake de Cube version bucolique. Mais c’est tellement plus que ça…On pourrait même croire à une énième resucée de Dead End, Reeker, ou autre Souvenirs Mortels. Mais il n’en est rien…Comme je vous l’ai dit, c’est beaucoup plus que ça.

Si vous aimez les films à twists (rien à voir avec Chubby Checker), vous allez être soignés aux petits oignons. Car ils sont légion ici. Mais attention, pas à la Shyamalan, non, ils sont ici partie intégrante du récit, qui – s’il est la base même des questions que le spectateur se pose – est mis en exergue par une superbe interprétation et une cinématographie impeccable, surtout pour un film au budget si serré.

Car pour son premier long, Jack Heller se la joue finaud. Il construit son film comme on déroule le décor d’une histoire qu’on raconte à ses enfants pour les endormir. La forêt, au départ anodine, clairsemée d’arbres devient de plus en plus inquiétante au fur et à mesure de la narration. Heller soigne sa photographie, et nous offre des tons passés, délavés, et une musique omniprésente, elle aussi désincarnée, qui ne fait qu’accentuer cette impression de perdition totale, et d’abnégation quasi obligatoire devant l’inconcevable.

Les personnages stéréotypés prennent vie, changent, évoluent, et sa manière de les filmer et de les faire parler aussi. Si au départ de l’action, nous avions face à nous une jeune future maman catholique éplorée, une teigneuse proto Punk fluo dépeignée, et un jeune héros sexy bourru mais plein d’inventivité, la situation est tout à fait autre au final. Prenez des individus lambda, confrontez les à une situation absurde, et leur vraie nature ressurgira au galop.

 

Enter Nowhere, malgré son titre, est un film sur la vie, sur la multiplicité des choix, une sorte de Groundhog Day mâtiné de Délivrance (qui est d’ailleurs cité par Jody….), survival intime et ultime face à l’existence qui vous impose un destin que vous n’auriez sans doute pas choisi. Et le coup des génie des scénaristes, et d’avoir à ce point éloigné la réalité, qu’aucune incohérence ou anachronisme ne vient entacher leur récit (Bon, ok, à un détail près. Mais je vous laisse le trouver).

Il repose aussi bien sûr sur le jeu d’acteur, fantastique. Car malgré son cadre champêtre, Enter Nowhere est un huis clos ébouriffant, étouffant, qui ferme les portes de sortie une par une pour en ouvrir d’autres dans une direction complètement opposée. Car comme les acteurs, il vous faudra réfléchir, reprendre les éléments, pour en comprendre l’issue avant terme. Et, même si son final manichéen est assez prévisible, le labyrinthe qu’il développe devant vos yeux saura vous perdre plus d’une fois dans ses méandres. Mention spéciale à une Sara Paxton qui confirme tout le bien que je pensais d’elle, surtout après avoir vu The Innkeepers. Elle est tout simplement fantastique dans la peau de cette Bonnie moderne, écorchée vive qui subsiste comme elle peut, jeté en pâture d’une vie qu’elle aurait sans doute préférée plus tranquille.

 

Mais je n’en dirai pas plus. Regardez Enter Nowhere. Parce que parfois, lorsqu’on veut réfléchir sur sa vie, ses méandres, ses possibilités, ses actes manqués, et son avenir, il faut savoir accepter de se retrouver au milieu de nulle part.

 

 

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