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Sickboy Moviez
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23 mars 2011

ADAM'S APPLES

Adams_ApplesTroisième film d’Anders Thomas Jensen après Blinkende Lygter et surtout Les Bouchers Verts (qui sera l’objet d’un futur article…), Adam’s Apples, comme ses prédécesseurs porte la marque du réalisateur danois comme une vache son numéro au fer rouge.

Adepte d’un humour très noir, il brosse un portrait de la société contemporaine sans complaisance, mais fait preuve d’un immense attachement à ses personnages.

 

Scénario improbable, Adam’s Apples nous conte les mésaventures d’Adam Pedersen (Ulrich Thomsen), taulard néo-nazi qui se voit offrir une réhabilitation sous l’exigence de s’inscrire à un programme de réinsertion dans un centre religieux pour le moins bizarre. Ce centre, géré par Adam, héberge aussi un kleptomane obèse, un vieillard ancien nazi à deux doigts de la mort, et un psychopathe musulman toujours prêt à dégainer une insulte bien fleurie.

Alors bien sur, les douze semaines qu’Adam va devoir endurer vont être tout sauf une partie de plaisir.

 

Cordialement accueilli à son arrivé par Ivan, Adam comprend très vite que son « stage » a un but. Et celui ci est d’une simplicité limpide. Puisque la seule chose qui lui vient à l’esprit est de faire un gâteau, il va être chargé de la préparation globale de celui ci. A savoir, prendre soin de l’immense pommier du jardin, jusqu’à la prochaine récolte. Cela peut paraître lénifiant de simplicité, mais le destin va se charger de lui compliquer la tâche. Car tout ce qui peut arriver de néfaste à ce pommier va effectivement arriver. L’invasion des corbeaux, la foudre, les parasites.

 

Inutile de vous gâcher le plaisir en allant plus loin, il va vous falloir regarder ce film, sous prétexte de passer à côté d’une des plus jolies œuvres danoise de ces dernières années. Car si la mise en scène d’ Anders Thomas Jensen est épurée à l’extrême (sauf lors des séquences de l’orage et de l’affrontement avec l’ancienne bande d’Adam, l’une apocalyptique, l’autre hilarante…), le soin apporté aux dialogues et la personnification des acteurs dans leur personnage sont tout simplement bluffants. Chacun est indispensable à l’édifice, sous peine de voir celui ci s’écrouler. Si bien sur Ulrich Thomsen et Mads Mikkelsen se taillent la part du lion, le premier en taulard en pleine crise de rédemption, le second en chrétien en pleine crise de foi, les rôles annexes sont tout sauf des faire valoir. Ali Kazim est irrésistible en pseudo terroriste musulman grossier et violent (la scène des corbeaux, je le répète, est un bijou du genre, je dois avouer que je l’ai repassé cinq ou six fois sans m’arrêter de rire…), Ole Thestrup en médecin à moitié barge ne contribue pas à la santé mentale de ses contemporains, et Nicolas Bro est particulièrement touchant en kleptomane nocturne avide de nourriture.

 

Et c’est cette diversité qui fait la force du film. Peu importe le dénouement, peu importe le message que le réalisateur veut faire passer (l’inversion des rôles, le livre de Job comme leitmotiv, la rédemption inconsciente…), l’important, c’est l’aspect humaniste de la fable. Peu importe d’ou vous veniez, peu importe ce que vous croyez, vous finirez toujours par voir les autres sous un angle différent, pour peu que vous les observiez vraiment. Et par changer, et admettre la vérité.

En ce sens, les deux protagonistes principaux vont vous faire assimiler ce postulat progressivement, sans tomber dans le prosélytisme. Ici, tout le monde n’est ni beau, ni gentil, mais finit par devenir un autre, meilleur ou pas, crédible ou pas. Et les scènes cocasses le seront au paroxysme, tandis que les passages sombres, pathétiques ou tristes ne tomberont jamais dans le pathos artificiel. Car c’est la vérité qui prime ici. La vérité humaine, et celle d’un certain cinéma pratiqué avec amour, pour raconter une véritable histoire, avec de véritables personnages, attachants, repoussant, ou tout ce que vous voudrez.

 

Dans Forrest Gump, le destin était une boîte de chocolat. Ici, c’est une simple pomme. Retrouvée par hasard, et qui va sceller des vies, à jamais probablement. Comme la votre avec ce film.

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