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Sickboy Moviez
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22 mars 2011

SCOTT PILGRIM Vs THE WORLD

Scott_Pilgrim_Vs_The_World_Teaser_PosterParfois, on se laisse abuser par un casting, une classification, et on risque de passer à côté de grands films juste par un mauvais réflexe de conditionnement. Ainsi, la présence au générique de Michael Cera et Mary Elizabeth Winstead, peu réputés pour être des radars à chefs d'oeuvres (Supergrave et Be Bad pour le premier, Destination Finale 3 et Dancing Girls pour la seconde, oui, je sais...), inciterait à gentiment remettre le DVD en place et passer son chemin.

Mais un coup d'oeil au nom du réal vous fait brutalement changer d'avis. Edgar Wright, le même flingué responsable de Shawn Of The Dead et Hot Fuzz, soit, deux des plus brillantes comédies anglaises de ces vingt dernières années, ne peut décemment pas commettre un faux pas. Mais la machine hollywoodienne en a broyé de plus résistants (n'est ce pas John Woo?), et le doute subsiste...Alors on regarde quand même, par acquis de conscience, et comment dire...On reste sur le cul!

Soyons clair, Scott Pilgrim Vs The World n'est pas adapté à tous les yeux. Il faut être un tant soit peu barge soi même pour l'apprécier pleinement, être sevré à l'épileptique, rester en geek mode, embrasser un smiley sticker en lui disant qu'elle est bonne, mais une fois ces préliminaires passés, on reste scotché et on se demande ce que Wright à bien pu s'enfiler avant de passer derrière la cam. A la rigueur, avec une poche d'une centaine de champis bien velus, et deux ou trois litres de Jaggermeister, c'est faisable.

Ça commence pourtant pas top, au niveau du pitch. Encore un teen attardé qui se gamelle sous le coup de foudre, et qui va tout faire pour conquérir et garder sa belle. Mais dès le début, on sent la patte Wright, et on se doute que ça va morfler à un moment ou un autre. Et effectivement, c'est le cas. Sans doute la love-story la plus atypique, la plus barrée en tout cas. Séparons les personnages si vous le voulez bien.

Scott Pilgrim/Michael Cera est impeccable. Touchant, hilarant, paumé, lover, il est tout à la fois, et aussi crédible dans les scènes "réalistes" que dans les plans de baston. On réalise en regardant ce film à quel point il a été sous exploité jusqu'alors. Cet espèce de flegme juvénile, cette nonchalance entrecoupée de moments de self-defense remplis de testostérone créent un décalage fantastique, au point d'avoir l'impression par moment d'avoir affaire à une sorte de Jekyll/Hyde post pubère.

Wallace Wells/Kieran Culkin est tout simplement LA révélation de Scott Pilgrim. Impayable et ironique, les scènes durant lesquelles il intervient sont toutes irrésistibles. Cette façon d'envoyer des textos en un éclair tout en pissant/dormant sont à pleurer de rire, et c'est exactement ce qui arrive. Avec son regard de chien battu qui en dit long, il donne un relief sublime aux scènes de la vie courante, et transforme tout instant de chagrin d'amour en plaidoirie pour le second degré.

Knives Chau/Ellen Wong est tout bonnement parfaite en groupie pré-pubère et mono-maniaque. Folle de Scott Pilgrim et de son groupe, elle l'aime, le harcèle et finit par devenir une puissante alliée au terme d'un combat final.

Kim Pine/Alison Pill, la batteuse/hargneuse ex de Scott est démente. Tronche de pitbull, peu avare d'onomatopées et de regards qui tuent, elle agit tel un Kubiac féminin, toujours irascible, jamais aimable, mais une vraie furie derrière un kit.

Et la comparaison avec le Kubiac de Parker Lewis Ne Perd Jamais n'est pas innocente. Car Scott Pilgrim n'est rien d'autre que l'enfant illégitime de cette série et de Ranma 1/2. Aussi frénétique et incohérente que la première, et gratuitement n'importe quoi comme la seconde. Et le tout, en restant crédible, sorte de soap/manga de l'impossible mais vrai. Les scènes de "combat" sont à ce titre de purs moments de délice, toujours rafraîchissants, inédits et proposant le petit plus que l'on attend toujours. Une petite préférence pour celui qui oppose le groupe de Scott au jumeaux Dj's asiatiques, pour le côté visuel dantesque.

En gros, pas une minute de répit, une hallucination visuelle permanente, véritable OVNI filmique, comme on en voit que trop peu. Edgar Wright, fidèle à son humour, dynamite les conventions du Teen-movie qui commençait à se faire un peu vieux depuis la renonciation/abandon de John Hughes. Car oui, n'ayons pas peur de l'affirmer, Scott Pilgrim Vs The World est le seul digne héritier de Breakfast Club mâtiné de Repo Man, et pose ainsi les jalons du Geek Movie, tel qu'il devra toujours être. Avec sa mise en scène constamment sur la brèche, son montage hyper nerveux, et son utilisation finaude des références (je vous laisse le soin de les repérer...), le tout posé sur une musique fabuleuse, il happe le spectateur dans des filets tout gluants, et ne le relâche qu'une fois le générique achevé, tout poisseux, mais avec un sourire débile aux lèvres.

C'est un gag de bureau qui prend des jours à mettre au point, qui explose à la gueule, et qui fait rire à la machine à café des mois durant.

Et si Edgar Wright était le sauveur du ciné anglais?

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Commentaires
M
film genial qui merite d'etre vu revu et plus si affinité
Sickboy Moviez
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