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Sickboy Moviez
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20 mars 2011

LAKE MUNGO

lake_mungoPartie intégrante de la saison quatre du After Dark Horrorfest (sorte de festival annuel US de films de genre, huit en tout par saison, de qualités inégales), Lake Mungo sort du lot grâce à une réalisation brillante et une idée de départ aussi basique que magique.

Empruntant autant au Projet Blair Witch qu'aux Documents Interdits de Jean-Teddy Filippe, Lake Mungo est un bijou de jeu de pistes nous entraînant toujours plus loin dans l'angoisse et l'horreur. Suite à la disparition d'une adolescente, Alice Palmer, lors d'une sortie scolaire dans un parc national, Une équipe de télévision met en place un reportage sur des manifestations surnaturelles conséquentes à sa disparition. Comme vous le constatez, rien de neuf sous le soleil, mais c'est sans compter sur une mise en scène diabolique, qui manie les retournements de situation comme les hommes politiques les retournements de veste.

A ce titre, la première moitié du film, dont la tension est désamorcée comme on dégonfle un ballon de baudruche, est très bien vue. Ce qui est vrai ne l'est pas forcément, et ce qui est inconcevable peut alors être vrai. Ou l'inverse. On s'en veut même de s'être laissé prendre au jeu, spectateurs cupides d'une télé réalité du désespoir.

Mais la seconde partie de Lake Mungo ramène les débats vers des terrains connus. Et ce vrai/faux documentaire prend alors toute son ampleur, et nous glace parfois les sangs, visuellement parlant. En tant que grand fan de fantastique et d'horreur, il ne m'est que trop rarement arrivé de sursauter dans mon fauteuil, et de regarder partout dans la pièce pour interpréter un bruit suspect. Ce fut pourtant le cas lors d'une scène particulièrement horrible, filmée très intelligemment avec un portable, accentuant de fait toute l'ignominie de la scène grâce à l'aspect pratique de l'objet choisi pour la mettre en scène. Et je peux vous jurer qu'à ce moment là, vous oublierez que ce que vous avez devant les yeux est un leurre. Le leitmotiv de La Dernière Maison Sur La Gauche était "Dites vous que ça n'est qu'un film"...C'est le genre d'argument auquel on se plait à repenser à la vue de Lake Mungo.

Mais comme ses illustres aînés, Lake Mungo pose le problème suivant : l'image que les médias nous renvoient de la réalité est elle objective ou manipulée? Jusqu'où pouvons nous aller pour assouvir notre envie de terreur, et sommes nous capables de discerner le faux du vrai? A l'ère de Photoshop et After Effects, comment prouver l'authenticité d'images qui paraissent pourtant si réelles à l'écran? Et est il sain d'aller sur le net à la recherche de documents toujours plus sordides, sans pour autant faire quoi que ce soit pour changer les faits? Sommes nous tous coupables de ce qui se passe sur nos écrans?

La où Intraçable échouait lamentablement à répondre à ces questions, Lake Mungo trouve la réponse. Nous sommes tous responsables de ce flot d'images ininterrompues qui se déverse continuellement sur nos écrans. Des vies privées sordides déballées à l'occasion d'émissions racoleuses, destinées à vendre un peu plus de lessive et de cellulaires, des massacres ignobles filmés comme à la parade pour assurer un taux d'audience satisfaisant, tout est fait pour flatter nos plus bas instincts.

Jusqu'à ce que ces mêmes horreurs nous arrivent, et que que nous soyons écoeurés par le comportement voyeuriste de nos semblables.

Il n'en reste pas moins que derrière ces débats, se cache un film terriblement efficace, et qui réveille l'enfant qui est en nous. La peur est le moteur de l'évolution. Lake Mungo en est un rouage.

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