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Sickboy Moviez
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29 mars 2011

LONDON BOULEVARD

london_boulevardEn parlant de cinéma anglais, voici encore un exemple de réussite totale au niveau du divertissement. Mélangeant allègrement la comédie, la tragédie, l'action et la chronique sociale, London Boulevard touche la cible dans chaque domaine et nous offre un melting-pot d'influences parfaitement digérées.

Sortant de prison pour avoir "légèrement" endommagé quatre islamistes qui avaient le malheur de se trouver sur sa route, Mitchell va tenter de retrouver un mode de vie plus sain. C'est bien sur sans compter sur son ancien acolyte, Billy, qui l'attend de pied ferme pour justement replonger les deux pieds dedans. Lui proposant de s'associer à une organisation de racket à grande échelle, il lui offre l'hospitalité, en échange de ses services, plus qu'estimables. Car Mitchell est un dur, un vrai, un cogneur qui n'a peur de rien ni personne.

Sauf peut être de replonger. Alors lorsqu'il rencontre à l'occasion d'une fête donnée en son honneur une jeune journaliste qui lui suggère de se mettre au service d'une de ses amies "à la retraite", il n'hésite pas un instant. Sauf que le job est légèrement atypique. Il consiste à protéger une jeune actrice victime de harcèlement de la part de paparazzi, mais aussi de s'accomoder de son "homme de main", soit un "acteur" à la dérive, et de prendre en charge tous les menus travaux. Tout en évitant de tomber dans les filets du gros bonnet du racket, et en cherchant le meurtrier d'un ami SDF.

Dit comme ça, ça ressemble à du n'importe quoi. Et quelque part, c'en est, mais tellement assaisonné à l'anglaise qu'on se prend au jeu avec délectation. Et c'est surtout diablement rusé, et pour diverses raisons.

Si Tarantino, sur quelques films, à l'instar de Kevin Smith se sont imposés comme les maîtres ès dialogues qui tuent, William Monahan (scénario) et Ken Bruen (auteur du roman de base) n'ont rien à leur envier. Ils redonnent toutes ses lettres de noblesse à la délicieuse invective grivoise "cunt", qui fuse dans tous les sens à chaque commissure de lèvres, et qui englobe à peu près tout ce que ce terme charmant peut définir.

Avec un quatuor d'acteurs principaux au dessus de tout soupçon, la tâche était quasiment gagnée d'avance. Colin Farrell est fantastique en ex gangster un poil désabusé sur la voie de la rédemption, tout en nuance, alternant les citations avec les bourre pifs en règle. Keira Knighley - qui s'améliore de films en films - est touchante en actrice à la dérive, et paranoïaque à juste titre, David Thewlis est complètement irrésistible en acteur raté mi philosophe cynique, mi junkie ironique, et Anna Friel est à la fois sexy en diable (la scène où elle ne porte qu'une combinaison en dentelle est comment dire...émouvante!), carrément trash, et pourtant craquante à souhait.

En seconds couteaux tout aussi indispensables, Ray Winstone est impérial en "parrain local" complètement à la masse (le voir dézinguer un "négro" gratuitement, juste pour faire chier Mitchell est certes politiquement incorrect - mais tout le film l'est dans ce cas - mais juste incroyable), Ben Chaplin campe un ami/peste criant de vérité et de contradictions/peur, et Eddie Marsan, en flic ripoux à côté de la plaque joue juste.

La force de London Boulevard est de mélanger les genres, un peu dans l'optique du Trainspotting de Boyle, alternant la farce crue avec le drame épuré, sans tomber dans l'excès (même si certaines scènes sont assez crues, mais plus au niveau du langage que de l'action à proprement parler), et surtout, de nous ramener à l'essence même du divertissement intelligent mais jouissif, le dogme du cinéma en quelque sorte. Pas de message à faire passer, ou alors, en filigrane, que notre destinée finit toujours par nous rattraper, mais une simple direction d'acteurs parfaite, au service d'une histoire simple, bâtie autour de dialogues ad-hoc, et d'un comique de situation pas si simpliste qu'il n'y parait.

Citer les scènes cultes n'aurait pour effet que de vous gâcher le plaisir, et gageons que chacun aura les siennes. Et si il est certains que nombre d'entre vous ne partageront pas mon plaisir, je suis sur qu'une poignée d'entre vous saisiront de quoi je parle. Avec des rues de Londres dépeintes de la manière la plus fidèle qui soit, une identification facile aux personnages, et une bande son sixties à vous faire pleurer (Les Box Top, Dylan, enfin les swinging sixties dans toute leur grandeur...), London Boulevard n'a pour ambition que de vous faire passer une très bonne heure et demie, et de ce point de vue, le contrat est parfaitement rempli.

 

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