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Sickboy Moviez
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14 octobre 2011

DRIVE

DriveDrive. Ou l'art séculaire de vendre un film pour ce qu'il n'est pas. A la vue de l'affiche, on pourrait croire à une énième resucée de Fast and Furious : The Korean Connection, ou encore un démarquage de 60 Secondes Chrono. Mais rassurez vous, fans de films hors norme et carburant à la nitroglycérine de l'esprit : Drive dépote encore plus que ces flicks bourrés de testostérone. Mais d'une autre façon.

On savait depuis Pusher et Bronson que Nicolas Winding Refn aimait raconter ces histoires de demi losers sans avenir, sans famille et sans passé. Ce qu'on ne savait pas, c'est qu'un jour il porterait ce thème usé jusqu'à la corde qu'est la rédemption à un tel degré d'inventivité et, oserais je dire, d'"espoir".

Drive raconte une histoire. Jusque là rien d'étonnant. Le pitch est même sévèrement emprunté à une Bessonnerie culte, Le Transporteur. Un conducteur hors pair loue ses services pendant cinq minutes à des malfrats de tous genres, pour leur faire traverser la ville et les emmener d'un point A à un point B. Cinq minutes, pas plus. Après, c'est au revoir les enfants et démerdez vous. Ça pourrait coller. Ouais. Sauf que le conducteur, aussi taciturne qu'un Chuck Norris qu'une grue de chantier viendrait heurter de plein fouet, tombe amoureux de sa voisine, la jolie Irène (interprétée par la toujours très belle et touchante Carey - Never Let Me Go -  Mulligan), dont le mari est en tôle. Et à partir de là, ça va être le bordel. Parce que de vilains truands travaillant pour "La Famille" rôdent dans leur entourage direct. Et que les plans foireux vont s'accumuler à une vitesse hallucinante.

On a présenté Drive comme un hommage au cinéma de Michael Mann. Ce qui est en partie vrai. Même inclinaison à étirer les scènes d'exposition en longueur, même utilisation de la musique comme support narratif, même exposition aux lumières crues et/ou blafardes, même lancinance, Ok. Mais ne pas préciser que Nicolas Winding Refn s'est autant inspiré du cinéma de John Woo époque pré US (la seule valable...) serait d'une imprécision crasse. Drive sent le western urbain crépusculaire mâtiné de froideur esthétique à plein nez, le tout saupoudré d'une sacré dose de dérision et d'humour. Le Sixième Sens meets The Killer. Ce qui n'empeche pas le réal de nous asséner des scènes d'une crudité totale, à la limite de la caricature grand guignol (la scène de l'ascenseur est à ce titre un must!), et qui tombent toujours pile pour redynamiser une narration à la limite de l'overdose du non dit. Le rebrousse poil comme art majeur. Alors Drive, melting pot ou réelle avancée cinématographique et vision novatrice du faux film d'action avec justicier solitaire qui n'a rien à perdre? Ne vous y trompez pas, Drive n'est pas un film d'auteur, c'est un film d'esthète un peu tordu qui prend plaisir à manipuler un pitch usé jusqu'à la corde pour le transformer en élastique qui vous pète à la gueule.

Le contraste entre le jeu monolithique et pourtant émouvant de Ryan Gosling, et la douceur de Carey Mulligan, la roublardise d'un Ron Pearlman qui flagorne en truand peu scrupuleux et complètement ringard, la façon qu'à Bryan Lee Cranston de transcender un personnage vu et revu (le mentor/ange gardien en fin de course) aboutit à une galerie de personnages qui doit autant payer son tribut à Sergio Leone qu'à Melville. Le silence érigé en art majeur de la communication. Soudain interrompu par une balle dans la tête qui frappe autant l'acteur concerné que le public.

Drive, comme toutes les réussites majeures, n'est pas un film, c'est une expérience. Il rappelle par certains côtés un blending entre l'insurpassable Collateral (encore Mann...) et une BD Pulp improbable qui finit mal sans finir bien. Pour info, la femme assise à mes côtés dans la salle n'en finissait pas de sursauter. Peut être parce que Drive, c'est une chaise électrique montagne russe qui vous emmène près du ciel pour vous faire chuter brutalement d'une dizaine de mètres une seconde après.

LE film de cette fin d'année. Et pas besoin d'en avoir vu d'autre pour en être sur.

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