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24 septembre 2014

EDGE OF TOMORROW

affiche_edge_of_tomorrowPour beaucoup, Tom Cruise n’est qu’un vilain scientologue adepte des théories fumeuses de Ron Hubbard, gay refoulé qui cherche à le dissimuler en épousant de jolies actrices, et qui se contente de venir jouer les héros dans de grosses productions rapportant un maximum de bénéfices à son église chérie. Bien, comme vous voulez. Pardonnez moi de voir en lui un des acteurs les plus doués de sa génération, qui a explosé dans les années 80, mais qui est toujours aussi présent trente ans après, et surtout, toujours aussi crédible. Ok, Risky Business et Outsiders sont loin, mais l’homme a grandi, changé, et depuis quelques années fait pratiquement un parcours sans faute, alignant les blockbusters jouissifs et les rôles un peu plus casse gueule (Collateral, Tonnerre sous les Tropiques). Même en étant d’un parti pris total, je ne vois pas grand chose à redire sur sa carrière des années 2000. Bien sur, certains choix ne provoquent pas un grand enthousiasme chez moi, mais au risque de passer pour un crétin avide de grand spectacle, j’ai adoré Oblivion et La Guerre des Mondes qui n’étaient rien de moins que de l’entertainment efficace et pertinent, Jack Reacher pour son humour cartoon à chaud, et bien sur Rock Forever dans lequel Tom faisait preuve d’un talent effarant en incarnant une Rock star déjanté et…dans un autre monde !

 

Alors, lorsque l’annonce fut faite du tournage de Edge of Tomorrow, j’ai lu le pitch, et même s’il m’a semblé assez convenu, j’y ai vu la possibilité d’une nouvelle réussite, et d’un sacré bon moment à passer en compagnie d’un acteur que j’adore. Et ne me sortez pas votre sempiternel argument scientologique, je m’en tape.

 

J’avoue que jusqu’ici, la filmographie de Doug Liman ne me donnait pas encore envie de me lever la nuit. J’appréciais son début de carrière, constellé de films mineurs mais attachants comme Go ou Swingers, j’accrochais bien sur a son segment de la Bourne Trilogy, mais même avec toutes leurs qualités indéniables, M. & Mrs Smith, Jumper et Fair Game ne m’avaient pas emballé. L’homme semblait apte à gérer un gros budget et des acteurs bankable, mais il semblait se complaire dans une réalisation classique, sans surprises. Alors, je craignais que le fait de diriger Tom Cruise ne le bloque, tant l’homme est difficile à gérer, exigeant, pointilleux. Mais après avoir vu Edge of Tomorrow, je constate que le réalisateur et son acteur principal se sont lâchés, et ont explosé les convenances d’un pitch somme toute assez prévisible pour en faire un des blockbusters sci-fi les plus jouissifs de ces vingt dernières années.

 

La terre est en conflit avec des extra-terrestres qui ont envahi l’Europe. La guerre fait rage, mais les forces terrestres semblent prendre le dessus sur leur assaillant. Le Major William Cage, responsable de la communication des forces armées américaines qui n’a jamais combattu de sa vie, se retrouve un jour dans le bureau d’un général qui lui apprend qu’il part le lendemain sur le front français. Sur le papier, toute l’opération ressemble à une mission suicide et Cage refuse de partir au massacre. Mais il se réveille pourtant sur une base, traité comme un simple troufion, et présenté comme un déserteur à l’unité qu’il va rejoindre, constituée évidemment de têtes brûlées et autres flingués du bulbe avides de violence (joyeuse référence au Aliens de Cameron soit dit en passant…). Une fois largué sur les côtes, son inexpérience au combat lui laisse l’espoir d’une durée de vie extrêmement courte, ce qui se vérifie quelques minutes après son amerrissage, puisqu’il tombe rapidement sous les coups de l’ennemi. Son histoire aurait pu s’arrêter là, mais le lendemain, enfin ce que l’on croit être le jour suivant, il se réveille à nouveau sur cette base, au même endroit, croise les mêmes soldats, subit les mêmes brimades, et se retrouve une fois de plus au front, pour revivre la même journée. Bloqué dans une boucle temporelle, il doit maintenant comprendre ce qui lui arrive, et la clé va lui être donnée par un officier héroïque des forces spéciales, Rita Vrataski, qui a déjà vécu la même chose que lui…Cette impasse dans le temps va donner à Cage le temps de développer ses aptitudes au combat, puisque cette même journée va se répéter encore et encore, lui offrant la possibilité de mieux manier ses armes, de comprendre son ennemi, et d’entrevoir une porte de sortie une fois analysé le comportement du cerveau des armées extra-terrestres, qui a le pouvoir de réinitialiser le temps et ainsi d’anticiper les mouvements et actions de l’ennemi terrestre.

 

Bon, couché sur papier, les divers éléments sont les suivants. Conflit avec les extra-terrestres, boucle temporelle, EBE aux pouvoirs de contrôle, tout ça avait des airs d’un épisode des X-Files dirigé par un Chris Carter sous l’influence conjointe de Starship Troopers et d’Un Jour sans Fin. Mais Edge of Tomorrow n’a ni le faux patriotisme moqué et exacerbé du premier, ni l’humour pince sans rire et la joie de vivre du second. Même si les scènes de bataille ressemblent fortement au traitement imposé par Paul Verhoeven, et que certaines répétitions de la mort de Cage sont similaires aux multiples tentatives de suicide de Bill Murray pour fuir sa satanée marmotte, Edge of Tomorrow a une unité propre, une logique de déroulement bien huilée, et si l’humour n’en est pas absent, loin de là, il n’a pas la distanciation des deux œuvres pré citées.

 

Tom Cruise depuis quelques années se fait le porte parole des films de science fiction le mettant en scène luttant contre des entités hostiles, c’est un fait. Sa foi en la scientologie ne doit pas être étrangère à ce fait, mais au moins à il la décence de ne pas nous infliger des Battlefield Earth et de bien choisir ses interventions. Edge of Tomorrow, aussi évident qu’il puisse paraître à la première vision est beaucoup plus fin et compliqué qu’il n’y paraît. Tout d’abord, Cruise y est drôle, très drôle. Le second degré dont il fait preuve pendant deux bons tiers du film est un réel plaisir, et l’opposition de son personnage un peu largué et celui d’Emily Blunt très assuré est un délice. La Full Metal Bitch est d’ailleurs peut être LA vraie star du film, tant le personnage de Cruise s’efface devant elle (littéralement la plupart du temps, puisque Rita Vrataski passe « sa journée » à lui coller une balle entre les deux yeux). L’association Blunt/Cruise fonctionne à plein régime dans ce labyrinthe temporel, et au fur et à mesure, leur caractère change, Cruise se blindant tandis que Blunt s’adoucit…

 

Si les CGI ont été raillé par certains internautes qui les ont jugé un peu faibles, ils sont selon moi plus quasiment parfaits, et le design des créatures un peu fouillis est particulièrement adapté à leurs mouvements ultra rapides et erratiques. Les scènes de bataille, localisées en amont dans le film sont très cinématographiques, et font penser aux quarante cinq premières minutes d’Il Faut Sauver le Soldat Ryan, la crédibilité historique en moins. Les dizaines de morts successives de Cruise sont parfois hilarantes (palme spéciale à l’évasion sous le camion et à la journée la plus courte), et permettent à la première heure et quart du film, durant laquelle il rencontre Emily Blunt pour la première fois des centaines de fois accrocheuse et innovante. Seul bémol du film justement, lié à cette réussite, le dernier tiers du métrage tombe dans une routine hollywoodienne (et lui sacrifie même son final que je déplore, comme beaucoup de monde) d’aventures et d’exagérations type de film d’action, laisse tomber l’humour et retourne dans le chemin balisé de la dernière chance de sauver un monde promis à l’extinction. Même la distanciation entre Blunt le roc et Cruise le « looser » saute, laissant place à un jeu de séduction classique – mais néanmoins assez léger – et nous emmène jusqu’à la fin du métrage en suivant les codes du jeu vidéo, Shoot’em up sans surprises, mais agréable à regarder. Du coup, la qualité de la réalisation de Liman baisse d’un sacré cran, et devient flemmarde, se contentant d’aligner les moments forts sans chercher à les transcender.

 

Mais en dépit de cette dernière demie heure deux étages en dessous du reste du métrage, Edge of Tomorrow reste une franche réussite, mélangeant l’humour bon enfant, l’action prenante et dynamique, avec des personnages haut en couleurs qui portent l’histoire sur leurs solides épaules. Et si certains ont osé le parallèle risqué entre la fiction et la réalité, comparant le métrage à l’histoire personnelle de Cruise (ce héros américain moderne increvable que tout le monde cherche à descendre sans jamais y arriver), je n’ai considéré Edge of Tomorrow que pour ce qu’il représente vraiment, un sacré bon film d’action malin et couillu, qu’on regarde d’une traite en préférant sans conteste sa première partie à la seconde. Certes, il n’a pas l’exubérance jubilatoire de Starship Troopers, ni a tendresse ironique d’Un Jour sans Fin, mais il reste un divertissement de haute qualité, que vous soyez fans de Cruise ou pas.

 

Et je suis sur qu’il n’a jamais eu d’autre prétention que celle ci. Dommage que le public ne l’ai pas compris et qu’il ait fait un flop terrible. Il méritait bien mieux, alors jetez vous sur le Blu-ray lorsqu’il sortira. Et préparez les pop corn.

EDGE OF TOMORROW - Bande Annonce VOST (2014)

 

 

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