Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Sickboy Moviez
Archives
17 juin 2011

SUCKER PUNCH

Sucker PunchBon ok, je l'avoue, je ne suis jamais objectif lorsque je parle de Zack Snyder (j'ai exactement le même problème avec David Fincher d'ailleurs...). Mais je ne vois pas comment formuler le moindre grief à son encontre. Excusez moi, mais lorsque l'on a sorti coup sur coup un remake futé et speedé (L'armée Des Morts), un Péplum apocalyptique rempli de testostérone et d'honneur (300), et une adaptation de Comics jouissive (Watchmen), c'est qu'on est forcément plus doué que la moyenne. Osons. Snyder est sans doute le réal le plus doué et le plus créatif de sa génération.

Alors lorsque les premières images de Sucker Punch envahirent mes mirettes, il était convenu d'avance que j'allais craquer une fois de plus. Et ce fut le cas.

Mais si jusqu'à présent, Zack s'était plus intéressé à la forme qu'au fond (Bien que le message sous jacent de 300 soit passé au dessus de la tête de pas mal de monde...), ici, il combine le sens et le visuel avec une maestria peu commune. Et si l'on retrouve ses thèmes récurrents (le combat pour la liberté, la dignité, l'indépendance et l'instinct de tribu), ils sont développés avec une finesse incroyable, et donnent à son oeuvre une profondeur terrible à laquelle on ne peut qu'adhérer.

Babydoll, perd sa mère et devient de fait orpheline, et poids mort pour son beau père, qui apprend que sa défunte épouse a légué tous ses biens à ses deux filles. Fou de rage, il décide de se débarrasser de sa non progéniture, mais l'affaire tourne mal. La jeune soeur de Baby meurt, et son beau père arrive par des moyens détournés à lui faire endosser la responsabilité du meurtre. Avec un joli pot de vin, il la fait interner dans un asile de troisième zone, dont la thérapie principale repose sur la lobotomie comme curatif d'un état maniaco-dépressif ultime. Cet asile est plus ou moins dirigé par Blue Jones, infirmier sans scrupules, qui falsifie les dossiers au bénéfice de parents/amants dans le "besoin". Dès lors, le seul but de Baby deviendra la liberté. Et pour se faire, elle a besoin d'alliées, et d'un univers imaginaire...

Si 300 prenait parfois des allures de conte défoncé à la virilité, ce sont toujours les femmes qui ont les clés du pouvoir dans la filmo de Zack Snyder. Et Sucker Punch ne déroge pas à la règle. Même s'il se plaît à les décrire comme étant faibles et trop sensibles pendant une partie de chacun de ses métrages, il finit toujours par leur fournir leurs véritables armes. Si Babydoll apparaît déterminée dès les premières secondes du film, il lui faudra passer par plusieurs étapes pour découvrir que le sens de la vie est justement de découvrir quel est le sens de SA vie. Une carte, un briquet, un couteau, une clé et...La carte qui indique tous les chemins que la vie peut emprunter, le feu pour la puissance vitale et la volonté, le couteau pour trancher les liens qui vous retiennent à la raison et/ou à votre ancienne existence, et la clé pour ouvrir l'ultime porte qui s'ouvre sur la vie d'adulte. Merveilleuse fable sur l'adolescence qui traumatise bien des enfants, Sucker Punch est sans doute un des moyens les plus subtils qu'a jamais employé un cinéaste pour expliquer à une jeune fille à quel point sa transformation en femme nécessitera du courage, de la volonté, et certainement, des sacrifices.

Au delà du message que chacun appréciera à sa juste valeur, il convient une fois de plus de s'agenouiller devant la beauté visuelle de ce film. Avec la photographie toujours aussi sublime et irréelle de Larry Fong, qui superpose aussi bien les tonalités blafardes (notamment le vert et le jaune passés), que les couleurs chatoyantes (l'épisode de la seconde guerre mondiale est un modèle du genre), un montage qui alterne la lenteur de la pseudo réalité et la vitesse quasiment épileptique des scènes subliminales, et l'utilisation d'un décrochage anachronique entre l'époque et la musique utilisée (superbe bande son, avec un magnifique morceau de Bjork en duo avec Skunk Anansie), nous nageons en plein rêve, et de fait, nous incarnons nous mêmes en tant que spectateurs dans le psyche de Babydoll. L'intelligence de Snyder est de ne pas avoir cherché à se raccrocher à un quelconque réalisme lors des séquences oniriques, mais d'avoir plongé les deux pieds en avant dans le merveilleux, et l'incroyable. Chaque passage de "danse" (vous comprendrez pourquoi j'utilise ce terme en voyant le film) à sa propre raison d'être, sa propre identité, et jamais au grand jamais nous n'avons une impression de redite tant les cadrages sont précis et "fantastiques" dans le sens le plus littéral du terme. Les univers successifs décrits sont autant de tableaux surréalistes qui s'apprécient comme autant de portions de fantasme, et qui nous guident par de nombreux biais au travers du labyrinthe d'une réalité inéluctable. A ce titre, chapeau aux équipes chargées des FX et de l'animation, tant le travail titanesque accompli se voit à l'écran sans pour autant que l'on ait l'impression d'une débauche quelconque de moyens. Quant aux actrices principales qui forment une équipée sauvage si belle et désespérée que suivre leur périple relève plus de l'histoire d'amour que de l'admiration du jeu, il suffit de les regarder et de les écouter. Emily Browning est une petite poupée qui utilise toutes les facettes de l'innocence pour faire passer ses émotions, et reste aussi crédible dans les moments de détresse que lors des combats titanesques. Avec un visage à se damner, c'est bien sur la révélation du film, même si la sublime Abbie Cornish - qui sous couvert d'une violence de comportement cache une fragilité troublante - est toujours aussi splendide et juste. Quant au rôle ambigu tenu par Carla Gugino, il nous prouve une fois de plus quelle grande comédienne elle est, arrivant en un souffle, un murmure ou un simple geste à faire passer un vent violent de sentiments contradictoires et pourtant complémentaires.

Mais il y aurait tant à dire à propos de ce film...Et d'ailleurs plus qu'un film, c'est un rêve éveillé...Qui confirme que Zach Snyder est bien plus qu'un simple réalisateur, mais un bâtisseur de cathédrales sur pellicule. A l'instar d'un Tim Burton, d'un Dario Argento à l'époque de sa gloire, ou, osons la comparaison, d'un Stanley Kubrick virtuel.

Publicité
Publicité
Commentaires
Sickboy Moviez
Publicité
Publicité