Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Sickboy Moviez
Archives
29 août 2011

RED WHITE AND BLUE

rwbRien ne laissait présager que Simon Rumley accoucherait un jour d'une peinture aussi effrayante que réaliste. Certes, sa patte était intéressante sur des efforts comme The Living And The Dead, petite série B horrifique efficace et personnelle, et Strong Langage avait cette naïveté des premières oeuvres (avec déjà la mise en place des thèmes chers à sa filmo), mais il était difficile de concevoir que le même homme pouvait accoucher d'un pamphlet quasi nihiliste aussi fort que Red, White and Blue.

 

Erica (Amanda Fuller) s'ennuie dans une vie qui n'a rien de sage, et se ballotte elle même entre petit boulot ennuyeux, et rencontres aléatoires pleines de stupre et de sexe sans amour. Erica fait partie de ces paumées que l'on croise au hasard des rencontres nocturnes, aussi embrumées que chargées en alcool et en désillusions, sans vraiment la remarquer. Petit bout de femme anonyme, qui ne cherche ni le respect, ni l'admiration, et qui se contente quelque part de survivre dans un monde qu'elle n'a pas choisi, Amanda baise avec n'importe qui, n'importe quand et n'importe ou. Elle se lie d'une amitié aussi complexe qu'erratique avec Nate (Noah Taylor), personnage trouble qui finit par travailler à ses côtés et développer à son égard une affection dont on le l'aurait pas cru capable. Mais le ballet incessant d'Erica et des autres employés dans les toilettes de l'entrepôt le mettent mal à l'aise. Il essaie d'aider cette pauvre fille visiblement pourtant consciente de ces actes, jusqu'à ce que l'irréversible se produise, et que sa véritable nature remonte à la surface. Erica a en effet rencontré un peu plus tôt un groupe d'amis, dont trois jouent dans le même groupe de Rock, qui semble promis à un petit avenir. Une rencontre qui aura un impact désastreux sur les vies de tous ces protagonistes.

 

Red, White and Blue commence comme la plupart de ces films situant leur action dans l'Amérique des losers, des laissés pour compte, qui cumulent les jobs et les transactions illégales pour survivre. Une banlieue comme une autre dont il est difficile de s'extirper à moins de tout laisser derrière soi, ou d'avoir les bons contacts. Les personnages sont présentés dans un ordre logique, et l'enchaînement des faits inéluctable se dessine à mi pellicule. Il n'ont rien de flamboyant, sont tous pour la plupart gentiment médiocres, et pourtant, on sent que derrière cet anonymat de surface se cachent des secrets plus ou moins sombres, qui finiront par éclater à un moment ou un autre. Erica - que tous les gens qui calquent leur morale sur la moyenne chrétienne internationale considèreraient sans scrupules comme une vulgaire traînée - apparaît complexe, perdue dans un destin qu'elle parait avoir choisi sciemment mais qui s'est peut être imposée à elle comme étant la seule évidence, et reste terriblement attachante. Nate effraie autant qu'il fascine, pour finalement nous terrasser de sa violence intérieure, qui se matérialise d'une manière atroce au moment où la réalité des faits lui apparaît comme une évidence. Quant à Franki (Marc Senter), il joue ses cartes avec un flair indéniable, et finit par lâcher prise face à un destin qui lui tombe dessus alors qu'il aurait pu rêver mieux.

 

Red, White and Blue est un de ces films electro-choc dont on ne sort pas indemne, et qui contient son lot de séquences traumatisantes, bien après la vision. Si la première moitié du film tient autant de l'errance que de la stigmatisation de la société, la seconde partie est une déferlante d'horreur lucide et concrète, qui fait froid dans le dos. Même si l'issue du métrage est évidente assez rapidement, on ne peut s'empêcher de rester scotché devant son écran en se demandant si tout ce qu'on voit est bien réel. Le choix d'un ton aussi cynique et froid qu'emprunt d'une profonde haine/tristesse ingérable confère au film un sentiment de malaise, et nous confronte de fait à nos propres démons. Et pose cette question d'une lénifiante évidence : Que ferions nous si tout était perdu?

 

Je n'ai pas de réponse à apporter et le réalisateur non plus. Il ne peut que laisser ses personnages évoluer dans un monde qu'ils ont crée par obligation pour la plupart, et les regarder réagir, sans les juger. Peut être aurions nous agi de la sorte, peut être pas.

 

Regardez Red, White and Blue, et demandez vous ce que vous seriez devenu si votre vie avait été moins clémente.

Publicité
Publicité
Commentaires
Sickboy Moviez
Publicité
Publicité